Ronald Alexandre est Directeur de la Sécurité à CARE Montréal et est responsable d’environ 70 agents qui gèrent la sécurité à Cap-CARE et le refuge Versailles de même que dans les quartiers environnants avec la Brigade Entourage.
Débuts chez CARE
Ronald a join CARE Montréal en 2020 comme Veilleur de Nuit à Petit-CARE, au 3674 rue Ontario, ou il était responsable pour la sécurité/surveillance d’une dizaine d’usagés et faisait équipe avec Sylvain L’Herault et Dany Corbin.
Ronald explique que la sécurité dans un milieu d’itinérance diffère de la sécurité conventionnelle: un agent de sécurité en milieu d’itinérance doit apprendre à gérer des usagés qui sont présents dans le milieu 24/7, qui doivent être servis au quotidien. Ronald partage « Ces gens là, notre clientèle, nos usagés, nous sommes appelés à les servir au quotidien. » Ronald a dû « déprogrammer » le mode de ses agents de sécurité et les amener à servir une clientèle qui n’est pas toujours accueillante et réceptive en raison de troubles mentaux, psycho-sociaux ou de consommation.

« On est là pour offrir un service à ces gens là, malgré le fait que certains vont résister le service. Il y a des gens qui aime le service mais il y a des gens qui résistent le service et il faut servir tous. Le défi c’est de servir toute la clientèle malgré les oppositions. »
Lorsque Ronald a partagé avec Michel Monette, le Directeur Général de CARE Montréal, son intention de créer sa propre agence de sécurité, ce dernier a proposé à Ronald de monter une équipe de sécurité pour CARE Montréal. Ronald a immédiatement relevé le défi.
Ronald explique qu’un autre défi est de trouver du personnel qui comprend la différence entre l’empathie et la sympathie: l’empathie dit « Je comprend la situation, mais y’a quand même une décision à prendre. » et la sympathie dit « Je comprend la situation et je te laisse faire ce que tu veux. »
Il s’agit d’un environnement très exigeant. Les agents travaillent 8 heures par jour sur semaine et 12 heures par jour la fin de semaine. La Brigade Entourage a pour but de faciliter le lien entre les usagés et l’entourage du refuge, les résidents du quartier. Ces derniers peuvent contacter CARE Montréal par téléphone ou courriel si un usagé crée des problèmes dans le voisinage et peuvent ainsi recevoir l’aide de la Brigade Entourage. Le contact physique en dehors du refuge n’est pas permis et la police n’est contactée qu’en dernière mesure.
La consommation de drogues et d’alcool dans le refuge n’est pas permise à CARE Montréal. Ronald explique que si un usagé est sous l’influence d’un narcotique ou de l’alcool, les agents peuvent diriger l’usagé vers l’Halte-Répit pour une période de temps, mais cette personne ne sera pas systématiquement expulsée du refuge car on ne veut pas la mettre la sécurité de la personne en danger et risquer qu’elle soit frappée par un véhicle, ou tomber dans le métro, par exemple.
La vision pour la Brigage Entourage

Ronald a une vision pour la Brigade Entourage et c’est une vision qui se construit au fur et à mesure qu’il voit les besoins sur les lieux. Il veut garder le dynamisme, mais il veut aussi avoir une Brigade formée en intervention, pas nécessairement de l’intervention en matière physique, de manière coercitive, mais bien une approche holistique, c’est à dire une approche où l’agent peut joindre les deux aspects: l’aspect psycho-social et l’aspect physique.
Chaque groupe de 7 agents comprend 1 ou 2 femmes qui font, par exemple, les rondes des cubicules dans la section du refuge réservé aux femmes.
Les embûches
Ronald précise qu’il est important de réfléchir à l’arrière-plan psychologique de l’usagé, de comprendre que dans le cas d’une personne qui a toujours vécu dans un environnement violent, il est possible que cette personne ne sera pas réceptive et manifestera des gestes violents. Lorsque CARE Montréal reçoit un nouvel usagé, Ronald essaye d’obtenir plus d’information sur cette personne pour évaluer la meilleure façon d’offrir les services. « Ça nous évite d’avoir des approches qui sont trop coercitives. » dit Ronald.
Certains usagés sont de l’avis que la société leur doit tout. « T’es payé pour prendre soin de moi. T’as pas à me dire quoi faire. » Chaque usagé est unique et a son arrière-plan individuel qui doit être pris en considération. C’est un des défis auquels Ronald est appelé à relever. « C’est un apprentissage quotidien. » dit Ronald.